Monsieur le Président national et cher frère,
J’espère qu’au moment où je vous adresse cette lettre, vous vous portez bien.
En effet, Monsieur le Président, je suis avec beaucoup d’attention et d’intérêt l’actualité politique de notre pays, avant, pendant et après les élections présidentielles.
Tout d’abord, je tiens à vous rappeler deux petites choses :
1. Le respect d’une loi qu’on s’est prescrite est liberté.”
2. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.
En réalité, votre démarche et celle de vos conseils me surprennent beaucoup. Lorsque vous décidez de ne pas engager de recours sous le fallacieux prétexte que le Conseil constitutionnel serait acquis au RDPC, est-ce maintenant que vous le découvrez ou bien le saviez-vous déjà avant de constituer et de déposer votre dossier ?
Sur quelles bases et orientations avez-vous constitué ce dossier ? Je ne doute pas que ce soit sur la base du Code électoral camerounais, lequel précise clairement la procédure à suivre en cas de contestation. Vous avez d’ailleurs comparu devant ce Conseil constitutionnel dans le cadre de cette élection présidentielle. Ce même Conseil vous a donné raison en rejetant la requête d’une de vos membres, ce qui a fait de vous candidat à ladite élection. La composition actuelle du Conseil constitutionnel est la même que celle qui vous avait donné raison.
De quoi avez-vous eu peur ?
J’espère que vous n’avez pas eu peur de voir la vérité en face. Oui, de voir la vérité en face, puisque vous avez opté pour la mauvaise méthode empruntée par le professeur Maurice Kamto en 2018.
Vous êtes aujourd’hui très bien placé pour vous parler à vous-même. Il vous suffit de reprendre tout ce que vous aviez dit à ce brillant professeur d’université et avocat international : sur le manque de mandataires dans les bureaux de vote et sur son autoproclamation comme gagnant de l’élection. Vous êtes très intelligent et je suis convaincu que vous saurez le faire.
Sur cette question, retenez, cher collègue Président, que rien n’a changé dans notre Code électoral depuis 2018 jusqu’à ce jour.
Maintenant que vous ne faites plus confiance au Conseil constitutionnel, attendez-vous à être déclaré Président de la République du Cameroun par qui ? Si c’est par la rue, sachez que vous serez comptable de toutes les vies et de tous les biens qui seront détruits.
Monsieur le Président, s’il arrive aujourd’hui que vous perdiez cette élection, je vous prie de savoir que vous en êtes la principale cause. Votre condescendance vis-à-vis des autres candidats à cette élection fait que ces derniers ne mettent pas à votre disposition les procès-verbaux qu’ils détiennent.
De même, vous devrez prouver à l’opinion nationale et internationale que vous avez gagné sans disposer de la totalité des procès-verbaux issus de tous les bureaux de vote. Par ailleurs, vous avez commis l’une des erreurs les plus graves dans le cadre d’une élection : l’absence de mandataires dans tous les bureaux de vote. Peut-être avez-vous gagné cette élection, mais la question qui demeure est de savoir : où sont les preuves ? Autrement dit, comment savoir que vous avez gagné ?
Je peux même vous concéder l’idée selon laquelle le RDPC et ELECAM ont triché, mais avez-vous les procès-verbaux qui prouvent le contraire de ceux présentés par ELECAM ?
Monsieur le Président, vos conseils savent mieux que moi qu’un principe de droit cher à tous les juristes stipule que : « Celui qui allègue un fait a l’obligation d’en apporter la preuve. » Le peuple attend toujours ces preuves pour vous soutenir partout où besoin sera.
Mais dans le cas contraire, retenez qu’à chaque fois qu’on va à une élection présidentielle, on peut gagner tout comme on peut perdre.
Je puis vous rassurer que je n’ai pas voté pour le parti au pouvoir, mais cela ne doit pas m’amener à soutenir l’insoutenable. Toutefois, je vous félicite pour votre détermination à faire changer les choses, sauf que cela doit se faire conformément à nos textes et lois en vigueur.
Je vous prie de retenir que la rue n’a jamais réglé un problème. Bien au contraire, elle en crée. Aucun de vos enfants ne sera tué, de même que ceux des pilleurs de la République. Vos biens seront protégés, mais pas les nôtres. Vous, les pilleurs de la République, avez plusieurs moyens, tandis que le peuple que vous aimez subitement aujourd’hui vit au jour le jour.
Nous autres allons accepter le résultat du Conseil constitutionnel. Si vous êtes déclaré élu Président de la République, nous travaillerons avec vous. Dans le cas contraire, nous suivrons la légalité.
Convaincu de ce que vous aimez le Cameroun, comme vous l’avez toujours clamé, et surtout que ce Cameroun est l’usufruit de nous tous, recevez, Monsieur le Président national du FNSC, l’expression de mon profond respect.
Fait à Bertoua, le 20 octobre 2025 Raymond CHIYA ZOK, Fils de l’Est.
Laisser un commentaire